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15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 11:38

sipres.jpgUn mardi fin décembre, les deux histoires diffusées se passaient en Bretagne. Et c’est par le traitement spécial que France 3 a réservé à la Bretagne qu’on a pu mesurer le monde qui continue de séparer, malgré un siècle de francisation par l’école et les médias, les Français des Bretons. Mesurer certaines intentions aussi. Passons vite sur la première histoire, qui a lieu dans « une banlieue résidentielle de Nantes ». Une femme trompe son mari avec le voisin. Foulard oublié dans la chambre de celui-ci, accusation par la belle-mère de tromper son fils,  crêpage de chignons, soupçons d’empoisonnement… et le bonus tragique final avec le couple qui découvre sa séropositivité commune. Cette histoire banale ne dénote pas parmi les épisodes habituels, et pourrait se passer n’importe où en Hexagonie. Car n’oublions pas : pour France 3, Nantes ne correspond pas à la case « Bretagne » : c’est une région française comme les autres, sage et endormie, tournée vers Paris.

La seconde histoire de ce mardi après-midi dénote radicalement de la première comme de toutes les autres histoires provinciales françaises, parce qu’elle se passe dans un endroit qui correspond à la case « Bretagne ». Et dès le départ on « pose » les choses : il s’agit d’une femme qui tient une crêperie au bord de la mer (à Arzon). L’histoire est la suivante : un jour débarque un homme, une vieille connaissance, qui sort tout juste de prison. Il avait été condamné pour avoir braqué un tabac-presse à Vannes. Mais la tenancière, en fait son ex-complice, a dépensé leur magot de 60 000 € pour acheter sa crêperie. L’ex-taulard est furieux. Il y a deux autres personnages : l’un est amoureux de la tenancière, et l’autre tient un bar et surtout il était le propriétaire du tabac-presse braqué. Ces deux-là découvrent le pot aux roses et tuent l’ex-braqueur une nuit, sur un quai sombre, devant un tas de filets de pêche. Les deux compères en question sont particulièrement gratinés : l’amoureux est un gros marin-pêcheur barbu à casquette, le buraliste s’appelle Loïc, ne sert que des galettes à l’andouille et lit « Breton matin » (un quotidien complètement imaginaire vu qu’il n’existe plus de quotidien breton depuis leur interdiction par l’Etat français en 1945). Cerise sur le kouign-amann : tous les personnages sont bien sûr alcooliques.

si-pres-de.jpgMais attendez ce n’est pas tout, et c’est là que ça devient intéressant ! Car après tout, jusqu'ici, ces clichés français sur les Bretons sont sans intérêt et font plutôt pitié (pour leurs auteurs). Ce qui est surprenant, plus pernicieux aussi, c’est la dimension politique que France 3 a, mine de rien, inclut dans cette bécassinade. Car dans cette histoire « basée sur un fait divers réel » (sic),  on apprend que la tenancière et l’ex-taulard appartiennent « au mouvement breton » et sont « des indépendantistes ». Ces références incongrues, inexistantes dans les autres régions, constituent clairement une manipulation car on fait croire que l’indépendantisme, dont les sympathisants représentent quand même un quart de la population selon le seul sondage rendu public à ce jour, n’est pas une opinion politique mais du banditisme de droit commun. Outre le fait que le « mouvement breton » est un terme vague et fourre-tout, rappelons que les indépendantistes ne sont ni des racketteurs, ni des braqueurs, ni des trafiquants, ni des assassins, ni des néo-nazis, ni des pédophiles, ni des parasites sociaux (je crois n’avoir rien oublié). Précisons qu’un parti politique indépendantiste, le FLB puis l’ARB, a  choisi la clandestinité et l’action violente entre 1966 et 1999, mais sans jamais attaquer la population d’ailleurs souvent bienveillante à son égard, s’en prenant uniquement à des bâtiments publics ou sensés représenter l’Etat français (perceptions, casernes de CRS, tribunaux, postes, ANPE etc), et sans jamais faire d’autres victimes que Yann-Kel Kernaleguen qui a sauté avec sa propre bombe en 1976.

Mais cela appartient déjà à l'Histoire de Bretagne, à défaut d'appartenir à l'Histoire de France, celle qu'on diffuse à l'école... et à la télé.

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  • : NADOZ, blog de réflexion politique bretonne http://nadoz.over-blog.com
  • : Bienvenue sur Nadoz, un blog qui milite pour une Bretagne à nouveau libre et indépendante. Il donne infos et idées sur notre pays, ses habitants, la France aussi, et sur le monde en général, sous un angle qui se veut moderne et contemporain. Une vision absente des médias français aux ordres. Pourquoi NADOZ? A partir de ce joli mot (aiguille), la langue bretonne a construit 2 termes évocateurs : nadoz-vor (boussole) et nadoz-aer (libellule). Bonne lecture et vive la Bretagne indépendante!
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